Grand maître mésestimé du cinéma italien, Marco Ferreri a produit une œuvre passionnante où satire, féminisme, animalité et humour noir ont la part belle. Selon Gabriela Trujillo, autrice du livre Marco Ferreri. Le cinéma ne sert à rien (Capricci, 2021), “Ferreri livre une extraordinaire leçon de liberté grisante, un cinéma rare, fait de questions, qui laisse grandes ouvertes les portes de l’imaginaire”.

Séances accompagnées par Gabriela Trujillo (Docteure en cinéma, critique, ancienne professeure à l’École du Louvre et à la New York University et directrice de la Cinémathèque de Grenoble, Gabriela Trujillo est spécialiste des avant-gardes latino-américaines et européennes. Elle a récemment écrit : Marco Ferreri, le cinéma ne sert à rien (Capricci, 2021)


L’AUDIENCE

de Marco Ferreri
avec Enzo Jannacci, Claudia Cardinale, Ugo Tognazzi, Michel Piccoli, Alain Cuny, Vittorio Gassman
(Italie, 1972, 1h52, VOSTFR)

Originaire du Nord de l’Italie, le jeune Amedeo se rend à Rome pour obtenir une audience avec le Pape. Mais son insistance suscite la méfiance des autorités du Vatican, qui vont tout faire pour l’empêcher d’arriver à ses fins. Quel message à priori divin doit-il livrer au Pape pour qu’il y consacre toute son énergie et son temps ? Ferreri retrouve son complice, le scénariste espagnol Rafael Azcona, pour cette fable terrible sur un monde absurde, aliénant et terriblement réaliste, inspirée du Château de Kafka. Ils s’en prennent ici aux pouvoirs religieux, militaires et politiques de l’Italie des années 1970 qui apparaît comme une société paranoïaque oppressante, fermée au dialogue et à l’écoute, une forteresse impénétrable aux gardes zélés.

Môrdi 21/09 à 14h – Gaumont Wilson

LE MARI DE LA FEMME À BARBE

de Marco Ferreri
avec Ugo Tognazzi, Annie Girardot, Achille Majeroni
(Italie/France, 1964, 1h30, VOSTFR)

Antonio Focaccia découvre une jeune femme dont le visage est couvert de poils. Il décide alors de l’exhiber dans une baraque foraine. Par amour, Maria accepte cette situation dégradante. Tragicomédie sur l’exploitation humaine, Le Mari de la femme à barbe pourra évoquer Freaks ou Elephant Man mais avec l’humour décapant et provocateur de Ferreri en prime. Le résultat n’en est pas moins cruel avec Ugo Tognazzi dans son rôle le plus abject et le plus magnifique, avide, amoureux et sans scrupules, prêt à tout pour garder sa “créature” avec lui. Inspiré par la vie de la “femme-singe” Julia Pastrana.

Lendi 20/09 à 19h30 – Gaumont Wilson